The Sky Crawlers (Mamoru Oshii / 2008)

Citation :

Dans un futur alternatif, après des décennies de guerre, le monde a fini par arriver à une paix durable. Mais les Terriens ont désespérément besoin de retrouver un peu d'action. Pour apaiser ses citoyens, le gouvernement met alors en place un cycle de guerres d'un genre nouveau : celles-ci seront désormais organisées par des sociétés militaires privées, dans le seul but de divertir la population.

C'est alors que la dernière recrue à rejoindre les pilotes de Sky Crawlers se retrouve impliquée dans un nouveau projet militaire, visant à rendre les pilotes infaillibles...

Le dernier anime de Mamoru Oshii, je suis tombé dessus en lisant un forum.

Yuichi Kannami est un Kildren. Un enfant qui ne vieillit jamais. Le triomphe de la science sur la religion, un dieu à l'éternel visage de 17 ans. Il est pilote de chasse.

Dans un futur où la Guerre Froide aurait triomphé de tous les principes, il est le rat de télévision du peuple, qui a transformé la guerre en un jeu télévisé, le rêve américain de l'Irak. Sur des territoires spécifiquement dédiés, des compagnies privées financent des armées qui s'affrontent par les joutes de leurs flottes aériennes. Aux commandes des avions de la mort, les Kildren, des gamins éternels qui n'ont jamais le temps de vieillir aussi bien biologiquement que temporellement, et sont donc d'un naturel autiste relou et matador de la gachette. Syndrome Top Gun classique.

Autour d'eux Yuichi gravitent plusieurs personnes rouillant sur une base militaire perdue dans la campagne. Une Kusanagi relookée en chef de caserne, des copilotes branleurs, et les mécanos humains qui entretiennent leurs appareils et les cotoient au jour le jour.

Les Kildren ne réfléchissent pas au lendemain, en tant que produits de divertissement c'est une notion qui ne les atteint pas. Mais au fil du temps, entre les escarmouches avec l'ennemi et la vie dans la caserne, le monde qui se construit parmi les prisonniers du destin développe ses rêves, jusqu'aux actes finaux qui lève le sceau des révoltes après deux heures interminables…

Comment définir… c'était long.

La ou le film est terrible est dans l'univers développé dedans, un monde où les Hommes ont créé leurs propres dieux, les Kildren, enfants immortels qui ne peuvent pas vieillir et que la société a utilisé pour en fait un jeu. Le film suit alors le point de vue de différents rapports entre les gens, des Kildren entre eux aux mécanos adultes qui vivent avec ces gamins dont le destin est au final de mourir dans tous les cas.



Le visuel est dans la tendance minimaliste du moment, on sent quand même clairement que depuis dix ans, Lain et le design d'Abe Yoshitoshi ont marqué certains designers. Le tout donne un univers steampunk avec des gamins se battant dans des avions oldskool, et rappelle Last Exile mélangé avec La Bataille d'Angleterre. Les séquences aériennes sont évidemment sublimes, avec une 3D parfois casse gueule mais bien nerveuse durant des dogfights vertigineuses, et une variété des compos à tomber durant les séquences de vol. Une espèce de Ace Combat relooké et exotique. Malgré la parcimonie des séquences, la dernière, particulièrement belle, frappe le plaisir du gamer avec une bataille assez frissonnante.

En revanche c'est quand même court, sur la durée totale du film...car depuis Ghost In The Shell, Oshii se la touche et ça commence à être long. Le film d'est un baillant au possible tellement la mise en scène est pénible, vieillotte au possible. Oshii nous ressort tous les clichés de l'anime depuis dix ans, avec le héros autiste et son rapport à la commandant frigide, les phases de pensée avec la clope au bec, la contemplation de la pluie qui tombe, les répliques pompeuses et poétiques qui nous les brisent, et des personnages qui se tapent cliché sur cliché (du pilote décoloré classieux au copilote idiot). La musique de Kenji Kawaii est magnifique par contre. Mais le tout est clairement à la ramasse coté dosage. Avalon était déjà difficile d'accès pour le profane, un exercice bancal avec ses qualités et ses défauts, et GitS 2 était une branlette sans nom, le pendant anime de Matrix 2.



The Sky Crapers est un bel anime visuellement, mais traine lamentablement son scénario à peine effleuré. Tout demeure sans réel impact ni relief, ni dans la morale/conclusion, ni dans les messages ni dans la tension, et on s'attache difficilement aux personnages tant ils semblent parfois à coté de la plaque, le personnage le plus naturel dans le film restant au final le rigolo petit clébard qui braille chaque fois qu'un avion passe. C'est dommage car avec un univers et un design pareil, le film, s'il avait gagné un rythme plus nerveux, aurait certainement permis à la fois une narration cohérente et plus de phases de dogfights, et offrir un réel contenu.

Si techniquement le film est superbe et les batailles aériennes orchestrées de belle manière, je l'ai trouvé vide au niveau du déroulement de l'histoire, probablement à cause de la lenteur de plusieurs scènes. On embarque dans l'histoire sans qu'il y ait un réel début, du coup on doit s'imaginer le contexte, que l'on recompose au fur et à mesure, avec les rares dialogues. Il manque quelque chose. Oshii vieillit. Trop vite.

Au final le feeling est quasiment le même que Les Chevalier du Ciel : à regarder un soir où on a vraiiiment rien à foutre, pour les belles images aériennes, ouatées et électriques.